vendredi 18 décembre 2009

Niveler par le bas

Dur réveil ce matin, j’ai couru comme un malade pour me rendre jusqu’au travail… Mais bon, comme je publie ce billet depuis mon travail, ça vous montre à quel point je suis occupé aujourd’hui. En fait c’est ma dernière journée de stage, alors j’en suis plutôt à ramasser mes trucs et mettre mon bureau à l’ordre…


Tout ça pour vous parler d’une soutenance de thèse à laquelle j’ai assisté hier après-midi. Un étudiant au doctorat qui parlait de polymères sensibles au pH et à la lumière UV. La présentation était relativement médiocre, mais je lui accordé une chance puisqu’il ne parlait pas très bien anglais. C’est quand nous sommes arrivés aux rondes de question du jury que ça s’est gâté…

Des questions toutes simples, auxquelles j’aurais pratiquement pu répondre en ayant assisté à sa présentation, le laissaient désemparé et sans mot. Je veux bien croire que son anglais n’était pas parfait, mais chaque question lui était répétée pratiquement 5 fois pour être sûr qu’il la comprenait. Bref, je n’aurais jamais cru que ce gars là était au doctorat, même à la maîtrise j’aurais été surpris. Le pire? Le jury lui a accordé son doctorat malgré tout.

En sortant de là, j’étais un peu outré de voir que le diplôme de doctorat en chimie de l’UdeS ne valait peut-être pas grand-chose après tout… C’est en discutant avec un prof que je me suis rendu compte que la situation n’était pas aussi rose que je le croyais. À l’entendre, aussitôt qu’on entre au doctorat ici, on est sûr de l’obtenir même si on offre de très mauvaises performances. Mais, il m’a fait réaliser que c’était peut-être plus généralisé que je le croyais.

Au Québec, nous avons développé une peur de l’échec scolaire, nous disant que ça ferait trop augmenter le décrochage. La solution logique dans de tels cas serait de mieux préparer les élèves en vue de leurs examens, mais ce qui s’est produit est totalement différent. En effet, on baisse de plus en plus les critères d’évaluation afin de diminuer le taux d’échecs. Résultat : des gens passent à travers la totalité du système scolaire avec d’énormes lacunes, notamment au niveau du français (honnêtement, sans dire que mon français est parfait, certains étudiants universitaires auraient clairement besoin de cours de mise à niveau…). D’ailleurs, le même professeur m’expliquait que même si la moitié des étudiants de son cours avaient une note inférieure à 25% (avec une moyenne de 29%), il ne donnerait aucun échec, la faculté n’aime pas ça. Bon on s’entend que ce cours là c’est peut-être pas le mieux bâti et le plus facile du baccalauréat de chimie (même que ça doit être l’un des plus difficiles à étudier tellement c’est pas clair), mais bon, habituellement les moyennes tournent autour de 40-45%.

Avec les étudiants de la réforme qui s’en viennent à l’université dans quelques années, on s’en va clairement vers un mur. Il y a un monde de différence entre l’enseignement des « compétences » qu’on fait maintenant au secondaire et l’enseignement dans un programme universitaire, particulièrement en sciences pures (je ne sais pas pour les autres, mais c’est sûrement le cas aussi). Ici, personne ne va vous prendre par la main, personne ne va vous dire quoi faire, vous êtes seuls face à une montagne de choses à apprendre.

Je ne veux pas tomber dans l’élitisme, mais il faut à tout prix éviter que la valeur de nos diplômes tombe au même niveau que ceux qu’on trouverait dans une boîte de « Cracker Jack ». L’université n’est pas faite pour récompenser l’effort, mais plutôt les résultats et l'excellence.

Sad But True…

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